Bienfaits Canins est né d'un profond désir d'introduire un service humain et animal afin d'agrémenter le quotidien de gens vivant avec un trouble de santé mentale ou un trouble du spectre de l'autisme.
Intervenante en zoothérapie et Éducatrice spécialisée, je suis d'abord et avant tout une humaine à l'écoute des besoins des gens qui m'entourent. Mon parcours en zoothérapie a débuté avec mon entreprise Zoothérapie & Cie. J’effectuais quelques séances d’intervention en zoothérapie ici et là, mais mon travail principal était l’éducation spécialisée auprès de diverses clientèles. J’ai débuté ma jeune carrière d’éducatrice spécialisée en tant que responsable d’une ressource intermédiaire (RI) en santé mentale. J’étais donc responsable de 9 individus vivant avec un trouble de schizophrénie (et autres comorbidités) dans une maison adaptée pour eux. J’avais comme responsabilité la mise sur pied des plans d’intervention, l’intervention au quotidien, la santé physique et mentale des résidents, je m’occupais aussi des suivis avec les différents professionnels au dossier de chacun d’entre eux. Il y avait aussi une panoplie de responsabilités reliées à « toute autre tâches connexes ». C’était un gros poste, une grosse responsabilité, mais oh que j’aimais mon métier. Le bien-être de mes résidents était ma priorité. Lorsque les résidents atteignaient une certaine stabilité et avaient atteint plusieurs objectifs préalablement déterminés, nous préparions leur départ vers une vie semi-autonome en appartement. Lorsqu’un résident quittait, le CIUSSS nous présentait un nouveau dossier afin de procéder à l’intégration d’un autre individu aux prises avec divers troubles.
C’est en avril 2016 que tout a basculé. Suite à la désinstitutionalisation, plusieurs unités ont fermé à l’hôpital psychiatrique et les patients ont été relocalisés. Nous étions donc confrontés à accueillir des résidents qui n’avaient pas le profil adéquat afin de vivre en résidence intermédiaire, ils auraient dû rester en garde fermée mais malheureusement nous ne pouvions nous prononcer face à cette décision. Toute l’équipe avait exprimé ses craintes face à cette décision provenant du CIUSSS, et avec raison. En garde fermée, là où ils étaient avant le déménagement, les intervenants ont diverses ressources afin d’être en mesure d’œuvrer sécuritairement auprès d’individus pouvant démontrer des comportements physiques et des patterns psychologiques jugés dangereux. Nous, en ressource intermédiaire, ne pouvons faire usage de contention chimique ou physique, ce qui est très souvent fréquent avec une clientèle vivant avec de graves troubles de schizophrénie.
Bref, je vous épargne les détails, mais ma vie a basculé suivant l’accueil de monsieur X. Pas seulement ma vie, mais aussi celle de deux collègues de travail.
Violence psychologique, violence physique faisaient maintenant partie de notre quotidien. Je ne cessais de me répéter que ça devait aussi être ça le travail d’éducateur spécialisé. Je me répétais « ce qui ne te tue pas te rends plus forte ». J’ai enduré, j’ai vécu, j’ai survécu jusqu’en novembre 2016. Plus rien n’allait. Pensant que c’était simplement un petit burn-out, je me suis présentée chez mon médecin pour finalement ressortir avec cette phrase qui tournait sans cesse dans ma tête : État de stress post-traumatique. J’ai donc été mise en arrêt de travail, pensant que mon état allait s’améliorer rapidement grâce à la médication et que je pourrais retourner travailler par la suite. Finalement, les jours passèrent et mon état empirait. Les symptômes s’aggravaient et persistaient dans le temps. Je n’étais plus capable de sortir seule sans « humain d’assistance », les cauchemars, l’hypervigilance, la dissociation faisaient maintenant partie de mon quotidien.
J'ai donc cherché des solutions (en plus de mes traitements thérapeutiques et médicaux) pour m'aider à mieux vivre au quotidien sans devoir dépendre de mon entourage pour effectuer mes activités de vie quotidienne et domestique. La solution ultime pour me donner un gros coup de pouce était là, à mes pieds, tout ce temps. Ma fidèle Selena.
« Ayant déjà un chien à la maison qui présentait un désir de travailler, je me suis lancée dans l'entraînement de ce dernier afin de lui apprendre des comportements spécifiques pour que le chien puisse me donner un petit coup de pouce au quotidien pour mieux vivre avec ma « nouvelle réalité.»
J’ai parlé de ce projet à ma psychothérapeute, et elle m’a répondu que c’était une béquille, que le chien n’allait que penser mes blessures temporairement et m’empêcher d’évoluer dans ma condition. J’ai parlé de ce projet à mon médecin, et il m’a répondu « Pourquoi pas ? Si ça t’apporte motivation et bien-être, je t’encourage ».
Durant deux années, ma fidèle labrador fut un atout exceptionnel à mon plan de traitement & de réadaptation. Ma psychothérapeute a vu rapidement les effets de la présence et des interventions de Selena auprès de mes divers symptômes du TSPT (Trouble de stress post-traumatique). Selena m’a permis d’effectuer des expositions graduelles avec un grand taux de réussite, alors que si j’effectuais ces expositions seule, je vivais échec après échec. Selena n’a pas tout fait à ma place, elle m’a guidé, elle m’a épaulé, elle m’a motivé.
Après 2 ans en compagnie de mon chien d'assistance, j'ai constaté que mes symptômes reliés au TSPT avaient considérablement diminués et je me sentais suffisamment outillée pour recommencer à faire des sorties de manière « autonome ». Je suis passée d’invalide à autonome, ce que je croyais impossible.
À partir de cet instant, j'ai découvert que le chien d'assistance pouvait aussi être un accompagnement ponctuel, au besoin. Mon chien d'assistance ne m'a pas guéri, elle n'a pas effacé mes symptômes, elle m'a plutôt aidé à regagner une confiance en moi et une autonomie fonctionnelle que j'avais perdue. Elle m'a apporté une sécurité et un apaisement au quotidien de par ses comportement innés et acquis. Ici, je ne te dis pas que ta condition va s’améliorer ou atteindre un sommet comme le tout s’est passé pour moi. Je ne te dis pas non plus que ma vie est exempte de symptômes reliés à mon post-trauma. Je souhaite seulement te transmettre que le chien d’assistance, lorsqu’il est bien intégré avec divers traitements conventionnels, peut t’apporter à mieux maîtriser, gérer et vivre avec ce que ton diagnostic t’apporte comme défis au quotidien.
C'est à ce moment que j'ai décidé d'élargir mes horizons et de me plonger dans l'univers méconnu du chien d'assistance pour les gens ayant un handicap psychologique.
Étant encore un domaine très peu connu et aucunement légiféré, j'ai entamé des recherches plus approfondies au niveau international afin de me permettre de comprendre de A à Z toutes les facettes du monde du chien d'assistance et des divers troubles auquel ce dernier peut venir en aide.
Au fil du temps, je me suis rapprochée de plusieurs organismes afin de prêter main forte à la cause pour finalement constater que la demande en matière de chien d'assistance psychologique dépasse largement l'offre actuellement disponible. J’ai aussi constaté que l’éthique et le bien-être de l’animal n’était pas mis de l’avant dans ce processus.
Je me suis donc lancée dans des formations continues au niveau de la santé mentale, de l’éducation canine et de l’éthique au niveau des animaux de travail.
Ce fût 5 ans de recherches, d’expériences, de travail acharné, mais 5 années ô combien enrichissantes. C’est donc en 2021 que Zoothérapie & Cie changea de nom pour Bienfaits Canins. Les services d’entraînement de chien d’assistance ont aussi débuté en 2021 grâce à la collaboration d’une équipe multidisciplinaire fantastique.
Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour en arriver à un programme hors-pair, nous avons encore beaucoup de travail à faire afin de faire reconnaître l’importance du chien d’assistance pour des conditions invisibles mais invalidantes, et nous avons encore beaucoup de travail à faire afin d’en arriver à obtenir le soutien du gouvernement afin d’instaurer des règles/lois afin de baliser l’encadrement des chiens d’assistance au Québec.
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